C’est une période vraiment délicate qu’est en train de vivre le pays. Sur le plan politique, et à l’heure où nous mettions sous presse, le nouveau gouvernement n’est pas encore formé. Les tractations viennent à peine de reprendre. Sur le plan économique, les principaux indicateurs macro-économiques continuent de dégringoler. Et l’année 2014 ne semble pas se présenter sour les meilleures auspices. Le Haut Commissariat au Plan (HCP) prévoit une croissance de seulement 2,5% contre 4,6% en 2013. Le Chef du gouvernement a beaucoup trop de chantiers importants à régler. Pour ne citer que les plus urgents, son équipe doit boucler le projet de loi de Finances 2014 et trancher les dossiers de la Caisse de compensation et de la réforme des retraites. Nous sommes début septembre et rien n’est encore décidé. Pire encore, le contenu de la lettre de cadre que le Chef du gouvernement soumet normalement avant les vacances pour donner les orientations et les priorités de l’année prochaine n’est pas encore dévoilé.

L’arrivée d’un ministre des Finances par intérim accentuera-t-elle le retard pris dans l’élaboration du projet de loi ? Avant de partir, Nizar Baraka, alors argentier du Royaume, avait sûrement dû donner quelques instructions pour le concocter. N’oublions pas non plus que c’est le ministre délégué, chargé du budget, Driss El Azami, toujours à son poste, qui chapeaute cette préparation du projet de loi. Aziz Akhannouch, lui, a pris le train en marche. En tout les cas, dans quelques jours, nous saurons quelles seront les lignes directrices de Benkirane. L’impératif voudrait qu’il cherche à maximiser les ressources de l’Etat et réduire les dépenses (ordinaires et fiscales). Unnouvel impôt concernant les grands exploitants agricoles va être introduit dans cette loi de Finances. Il devra rapporter une coquette somme. Il reste maintenant à définir les critères des personnes qui y seront assujetties.

Le gouvernement pourrait également introduire de nouvelles taxes parafiscales. Il pourrait aussi renforcer ses actions de recouvrement. Mais les dépenses liées aux subventions, aux éxonérations fiscales, les charges de la dette publique, les programmes d’investissements… rappeleront à Benkirane que sa marge de manoeuvre est limitée. Pour sa part, le patronat se prépare à soumettre incessamment sa feuille de route portant sur ses doléances pour la Loi de finances 2014. Pour l’instant, voici quelques revendications sectorielles qui pourraient être intégrées dans le projet du patronat. Jusqu’où ira Benkirane pour faire plaisir au patronat ? Les mois à venir nous le diront.

Offshoring : La taxe communale à revoir
Un bilan d’étape avait été réalisé dans le secteur. Il en est ressorti, entre autres, qu’il fallait encore agir via des mesures relatives aux conditions d’exercice du métier de l’offshoring mais aussi sur une refonte du dispositif fiscal relatif au secteur. Néanmoins, Youssef Chraïbi, président de l’Association Marocaine de la Relation Client (AMRC) tient à préciser qu’avant d’émettre une quelconque doléance pour 2014, les pouvoirs publics devront d’abord respecter leurs engagements pris dans le cadre du pacte Emergence. “Demandons leur de commencer par honorer les engagements déjà pris en termes de délais de remboursement de la TVA qui deviennent anti-économiques, compte tenu des montants substantiels en attente”, indique le président de l’association. Parmi les autres revendications qui entrent dans le cadre des engagements pris dans le plan Emergence, celles concernant les budgets de formation. Leurs remboursements sont toujours retardés par l’administration du trésorier payeur. Cela ne peut qu’impacter négativement les trésoreries des entreprises. Sur le plan purement fiscal, les professionnels n’hésiteront pas non plus à demander au gouvernement de revoir le système de taxation. Il pourrait s’agir d’un allégement ou d’éxonération de certaines taxes, comme celle communale. “Elle constitue un véritable frein au développement des entreprises installées dans la zones dédiées à l’offshoring, qui payent déjà l’ensemble des prestations au sein de ces zones qui sont autonomes et qui n’ont, en rien, recours aux services des communes en question”, explique Chraïbi.