Potentiel consolidé du secteur de l’offshoring au Maroc en 2013-2015 est de 20 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et 100.000 emplois
Nouveaux rebondissements dans l’affaire de la relocalisation des centres d’appel. Arnaud Montebourg veut écarter les centres d’appel marocains des appels d’offres publics en France. Le ministre français du Redressement productif vient de s’opposer à l’octroi d’un marché à un centre d’appel marocain pour les relations clients du Stif, l’autorité organisatrice des transports en Ile-de-France. «Dans les services publics, dans la commande publique, nous ne devons être prisonniers de règles qui contribuent à délocaliser les emplois», a déclaré Montebourg. A ses yeux, cette décision va à l’encontre des efforts de relocalisation de son gouvernement. Une position qui a déjà défrayé la chronique au Maroc (voir L’Economiste du 19 juillet). Le marché en question était depuis 2006 accordé à Webhelp. «L’octroi de ce marché à un centre d’appel offshore menace 80 emplois en France», explique Frédéric Jousset, co-président de Webhelp Groupe. Une décision qui fait polémique dans l’Hexagone en ces temps de récession économique. Pourtant, le Stif est catégorique quant au respect de la réglementation des marchés publics en France.
«Le Stif n’a eu d’autre choix que d’attribuer le marché à une entreprise dont le centre de traitement et d’appel est situé au Maroc, évidemment moins-disante que sa concurrente dont le centre de gestion est implanté sur le territoire français», souligne le président du Stif dans un courrier daté du 11 juillet. En fait, Webhelp, qui est fortement présent au Maroc, reproche au Stif le manque de transparence quant aux règles de l’appel d’offres. «Nous n’avons pas été informés que nous pouvions répondre à l’appel d’offres depuis l’étranger», confie Jousset. Ainsi, le débat est porté davantage sur la réglementation des marchés publics français et sur l’éventualité de l’introduction d’une clause de préférence nationale. Aujourd’hui, «l’Etat français n’a pas une position claire alors qu’il appelle à la relocalisation, des collectivités territoriales accordent des marchés à des entreprises étrangères», s’insurge Jousset. La polémique est même remontée au plus haut niveau du gouvernement Hollande. En effet, le président a «demandé à tous les responsables publics d’être très attentifs à ce que l’emploi reste en France».
Les 80 emplois menacés en France ne sont rien devant les 6.000 emplois dont dispose Webhelp au Maroc. La question est de savoir si la nationalité de l’adjudicataire change quelque chose à la situation. Si un autre centre d’appel français avait remporté l’appel d’offres, les 80 emplois auraient été également perdus. La situation renvoie davantage à un problème de diversification des débouchées et des clients pour le centre d’appel français. L’introduction d’une clause de préférence nationale des deux côtés voudra également dire que les entreprises françaises n’auraient plus accès aux marchés publics marocains!
A l’heure où nous mettions sous presse, Montebourg semblait avoir eu gain de cause. «Les échos que nous avons reçus montrent que l’appel d’offres a été déclaré infructueux», confie Jousset. En tout cas, le ministre est attendu en septembre au Maroc pour clarifier sa position sur la re-localisation et la co-localisation. Pour rappel, le secteur des centres d’appel dépend à plus de 80% du marché français et la part des opérateurs télécoms y est à hauteur de 30%.